Il s’appelle « Gustave Gendron »

Le SNS 17–01 Gustave Gendron – Simone Anita a été baptisé sur l’île de Noir­mou­tier le samedi 8 octobre. Premier navire de la nouvelle flotte, il est affecté à la station de l’Her­bau­dière. Gustave Gendron, ancien patron emblé­ma­tique, était présent pour célé­brer le bateau qui porte son nom. 

NSH1 Gustave Gendron en mer
Le NSH1 "SNS 17-01 Gustave Gendron – Simone Anita" en mer le jour de sa bénédiction sur l’île de Noirmoutier (Vendée) © Alain Dervout

De petits points orange se détachent sur le ciel gris de l’île de Noir­mou­tier (Vendée). Aux cris des mouettes se mêlent des saluts et des rires. Ce samedi 8 octobre 2022, des centaines de Sauve­teurs en Mer sont rassem­blés sur le quai de L’Her­bau­dière. Ils sont venus de tous les envi­rons pour le baptême du SNS 17–01 Gustave Gendron – Simone Anita. Ce navire de 17 mètres est le premier d’une longue série, qui compo­sera la nouvelle flotte de la SNSM. « Le baptême d’un bateau est toujours un moment spécial, souligne Thierry Caudal, président de la station de la Côte d’Amour. Forcé­ment là, il y a quelque chose de plus. » 

Grand Pavois au vent, le SNS 17–01 est amarré à la jetée du port. Les visi­teurs du jour viennent le voir tour à tour. Ils admirent sa nouvelle livrée, imagi­née par le desi­gner Philip Starck. Pointent du doigt ses équi­pe­ments modernes. Soudain le groupe s’écarte. Casquette de marin, lunettes de soleil et fine mous­tache blanche, un homme s’avance lente­ment. Gustave Gendron se tient face au Gustave Gendron. Le navire a reçu le nom de celui qui a été patron de la station pendant plus de trente ans, suivi de celui d’une géné­reuse dona­trice, Simone Anita.

Les médailles finissent au fond des tiroirs, les bateaux restent sur l’eau.

«  J’ai reçu plusieurs récom­penses. Au fond, cela ne compte pas vrai­ment, rela­ti­vise le retraité de 84 ans. Mais ce bateau à mon nom… Les médailles finissent au fond des tiroirs, les bateaux restent sur l’eau. » L’an­cien marin-pêcheur pose ses impo­santes mains sur le bastin­gage et grimpe sur le pont. « Ça ne se voit pas mais il est ému, assure Katia, l’une de ses petites-filles. Mon grand-père n’a jamais hésité à donner de son temps au sauve­tage en mer. Je suis très fière de lui. » 

Main­te­nant, je veux voir ce bateau en action.

Gustave Gendron s’en­gouffre dans l’im­mense cabine. Jette un coup d’œil suspi­cieux aux nombreux écrans du poste de pilo­tage. «  Tout ça a bien changé. De mon temps, on avait un sondeur qui ne marchait pas et une radio qui ne fonc­tion­nait pas non plus, s’amuse-t-il. Main­te­nant, je veux voir ce bateau en action. Je veux qu’il fasse des sauve­tages. » 

Ce sera l’af­faire de l’équi­page actuel de L’Her­bau­dière, mené par Jean-Pierre Couton. Avec Noël Meunier, le président de la station, ils ont voulu rendre hommage au « patron extra­or­di­naire » qui les a formés en donnant son nom à leur nouveau canot de sauve­tage. «  Avec lui on s’est toujours sentis en sécu­rité, souligne le patron actuel. C’est très impor­tant. » 

Le SNS 17–01 Gustave Gendron – Simone Anita a lui aussi pour première mission d’as­su­rer la sûreté des sauve­teurs.

Insub­mer­sible, il est capable de se retour­ner tout seul en cas de renver­se­ment. Il emporte aussi de nombreux équi­pe­ments permet­tant à son équi­page de parer à toutes les éven­tua­li­tés. « C’est un bel outil tech­no­lo­gique, abonde Benja­min Dubois, patron suppléant. On est heureux que tant de sauve­teurs soient venus pour son baptême. » 

Les visi­teurs du jour se pressent sur les bords du quai. Céline Couillon, l’une des marraines du bateau, brise une bouteille de cham­pagne sur la proue. Puis neuf navires de la SNSM accom­pagnent le Gustave Gendron en mer pour un dépôt de gerbe. 

Dès le lende­main, le SNS 17–01 a repris la mer en direc­tion de Gujan-Mestras (Gironde) où le Chan­tier Naval Couach (CNC) l’at­tend pour des modi­fi­ca­tions. Il sera ensuite rendu à son équi­page pour ses premières inter­ven­tions.

SNS 17-01 Gustave Gendron – Simone Anita sur mer
Le NSH1 SNS 17–01 Gustave Gendron – Simone Anita le jour de sa béné­dic­tion sur l’île de Noir­mou­tier (Vendée)  © SNSM

140 nouveaux bateaux en 10 ans

Construire près de 140 bateaux en 10 ans pour un montant avoi­si­nant les 100 millions d’eu­ros. Le programme Nouvelle Flotte de la SNSM permet­tra de renou­ve­ler les capa­ci­tés de sauve­tage mises en œuvre sur les côtes de la métro­pole et d’outre-mer. Une néces­sité, car les quelque 800 navires de l’as­so­cia­tion sont vieillis­sants, avec un âge moyen de 19 ans.

Le Chan­tier Naval Couach, à Gujan-Mestras, a été choisi pour être le maître d’œuvre de la nouvelle gamme, qui comprend deux navires hautu­riers et quatre côtiers. Cela a commencé avec la mise au point du plus grand des deux navires hautu­riers, le NSH1, dont le SNS 17–01 est la tête de série.

Le déploie­ment sera progres­sif, selon un plan­ning prévi­sion­nel établi, respec­tant les besoins en renou­vel­le­ment des navires. Les stations de Goury-la-Hague (Manche), l’Ile d’Olé­ron (Charente-Mari­time), l’Aber­wrac’h (Finis­tère), Lège-Cap-Ferret (Gironde), La Ciotat (Bouches-du-Rhône), Propriano (Corse-du-Sud), du Croi­sic (Loire-Atlan­tique), l’Ile Molène (Finis­tère) et Ouis­tre­ham (Calva­dos) seront les prochaines à rece­voir un navire hautu­rier du même type que celui de Noir­mou­tier.